Poésie autour d’un arbre

 

A Antibes rue de l’Hôpital

Où l’herbe à chat

Surgit

Encore indemne entre les pavés

Il y a un grand micocoulier

Il est dans la cour de l’asile des vieillards

Eh oui c’est un micocoulier

Dit un vieillard de l’asile

Assis sur un banc de pierre

Contre un mur de pierre

Et sa voix

Est doucement bercée par le soleil

 

Micocoulier

Et ce nom d’arbre

Roucoule

Dans la voix usée

Et il est millénaire

Ajoute le vieil homme

En toute simplicité

Beaucoup plus vieux que moi

Mais tellement plus jeune encore

 

Millénaire et toujours vert

Et dans la voix

De l’apprenti centenaire

Il y a un peu d’envie

Beaucoup d’admiration

Une grande détresse

Et une immense fraîcheur

 

Poème de Jacques Prévert, Arbres.

Editions Gallimard 1976.

 

LIQUEUR

 

Le patron de l'ancien restaurant de Sauve "Les Volets Verts" avait sa recette personnelle de liqueur de micocoules.

Fameuse !

Les baies sont cueillies en novembre, quand elles sont un peu blettes et plongées dans de l'alcool de pays à 90. Rajouter la même quantité de sirop (eau chaude et sucre) pour ramener à 45. Laisser reposer quarante jours. Consommer avec modération cette liqueur douce et parfumée. Pour les plus pressés, sucre de canne et marc de pays abrègent le temps de repos et donnent un goût franchement agréable.

 

La pâte de noyaux et l’élixir de sauve-chrétiens

 

Absent de l’officine, le micocoulier trouve malgré tout quelque crédit auprès des phytothérapeutes. De son fruit on a tiré un suc utilisé pour lutter contre les dysenteries. Les feuilles et les jeunes pousses ainsi que l’écorce prises en décoction possèdent des propriétés astringentes, combattent la diarrhée et ralentissent les écoulements muqueux.

Pline rapporte que les « Afriquans » concassaient le fruit et y incorporaient de la farine pour en faire une pâte qu’ils conservaient pour se garantir des temps de famine. On a retrouvé le même usage chez les Indiens d’Amérique avec d’autres espèces de micocouliers.

En Provence on a probablement oublié aujourd’hui la recette traditionnelle du flasco de sauvochrestian, ou « fiole de sauve-chrétien », préparée avec des micocoules mises à macérer dans l’eau-de-vie. Le soir de la veillée de Noël, on ne manquait jamais de prendre un verre de cette potion revigorante avant de se rendre à la messe de minuit.

 

 

 

De tout, un peu ...

 

 

 

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.        Romans et légendes autour du micocoulier

 

Les peuples de l’Antiquité vénéraient les arbres et leur accordaient une grande considération et certains, comme le micocoulier, étaient utilisés dans les cérémonies sacrées. Dans la littérature, cet arbre a su séduire quelques auteurs qui l’ont choisi le plus souvent pour souligner le caractère particulier du paysage provençal.

 

Le lotus chevelu

 

On note également la présence du micocoulier dans certains rites sacrés. Les prêtresses ou vestales devaient avoir les cheveux coupés avant de se consacrer au service d’un dieu ou d’une déesse.

Après avoir ôté la chevelure de la future prêtresse on déposait la précieuse toison sur la branche d’un arbre sacré. Sur la place Diana Lucina, à Rome près du temple de Diane, ce rituel s’effectuait parfois au pied d’un grand micocoulier que l’on appela plus tard « lotus chevelu ».

L’usage que l’on réservait au bois de la racine était de caractère religieux. On s’en servait pour confectionner de petits cercueils, sortes d’urnes funéraires pour y déposer les cendres des défunts.

 

Enclos d’arbres sacrés

 

D’après Pierre Clément le micocoulier a fait l’objet d’un culte chez les Gaulois dont on retrouverait la trace dans les écrits d’Apulée au IIème siècle. Il est probable que les anciens aient remarqué que, même coupé à ras de terre, l’arbre pouvait renaître de sa souche. Connu pour sa grande longévité il était censé marquer de sa présence la pérennité des lieux.

Le nom provençal du micocoulier, fanabreguier, a donné lieu à de multiples interprétations étymologiques. Ce serait l’arbre du fanum ou arbre du temple, associé aux croyances gallo-romaines. Dans la tradition celte, le mot brogilum signifie « enclos d’arbres sacrés », une racine que l’on retrouve dans falabreguier, fabregoule etc…

Un certain nombre d’églises romanes sont dédiées au micocoulier. Ainsi à Saint-Maurice-du-Larzac, il reste les ruines d’une église appelé eclesia de fanabregol, l’église du micocoulier. Dans le roman médiéval des Alyscamps on trouve une église Saint-Petri-de-Fayrabregoulo, ou Saint-Pierre-du-Micocoulier.

Dans la France méridionale et la Corse, les micocouliers qui se trouvaient près des chapelles étaient utilisés pour suspendre les cloches. Cela permettait de les hisser à une hauteur suffisante pour que le son se répande largement dans la campagne environnante.

 

Les Italiens considéraient que le micocoulier avait la puissance d’éloigner le démon. On retrouve les traces de cette croyance dans un des noms de l’arbre : il caccia-diavolo ou le chasse-diable.

Dans l’arrière-pays provençal, on trouve encore de vieilles femmes portant autour du cou un médaillon qui protège du mauvais sort. Et si par un malencontreux hasard le petit bijou venait à s’ouvrir, on serait bien surpris de n’y trouver qu’une inoffensive micocoule toute desséchée. C’est pourtant à cette petite « boule de noyau » que l’on attribue aujourd’hui encore le pouvoir de chasser les mauvaises rencontres.

 

Le micocoulier de provence (celtis australis)

 

Un bois qui plie mais ne rompt pas.

 

Le bois de micocoulier est tellement souple qu’une branche de deux mètres de long sur trois centimètres de diamètre peut former une boucle parfaite sans se rompre. Les tonneliers l’ont souvent choisi pour la confection de cercles de tonneaux ou de cuves.